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15 février 2024 4 15 /02 /février /2024 12:44

 

Pour se positionner à la surface de la Terre, comme à celle de tous les astres, nous utilisons un étrange système de coordonnées.

Nous quadrillons ainsi le monde en 90 degrés, 60 minutes, 60 secondes, et éventuellement, en centièmes ou millièmes de secondes en précisant Nord ou Sud pour les latitudes et en 180 degrés, 60 minutes, 60 secondes et, là aussi, éventuellement en centièmes ou millièmes de seconde en précisant Est ou Ouest pour les longitudes.

Ce système est bien compliqué.

- Il mélange d'abord des bases différentes : on compte jusqu'à 90 degrés (en latitude) ou 180 degrés (en longitude), puis l'on passe subrepticement  en base pseudo sexagésimale (pseudo base 60, car en réalité si l'on change bien  d'unité à 60, on exprime quand même les données avec les 10 chiffres décimaux) pour les minutes et les secondes . Pour disposer de plus de précision, on revient ensuite à un système décimal en ajoutant les centièmes ou les millièmes de secondes. Parfois l'on passe même directement au système décimal après l'annonce des degrés : 46,5 degrés pour 46 degrés 30 minutes par exemple, voir le cas de la ville de Vichy (*). Joyeux mélange donc, nécessitant pas mal de contorsions pour se repérer et beaucoup de calculs dès qu'il s'agit d'additionner des coordonnées pour mesurer un déplacement ou pour déterminer l'écart entre deux points.

- Il exige en outre de préciser si l'on se situe dans l'hémisphère Nord ou Sud pour les latitudes et si l'on est à gauche ou à droite de la ligne de changement de date pour les longitudes (Est ou Ouest donc).

Certes, il existe une notation en grades, mais elle est peu utilisée et découpe elle-même la Terre en 400 fractions angulaires de manière arbitraire sans d'ailleurs éviter de devoir préciser Nord ou Sud et Est ou Ouest.

Le système n'est donc ni simple, ni homogène, ni intuitif et peut être source de multiples erreurs.

 

On pourrait imaginer une autre notation

- homogène avec une seule base :  le système décimal

- se passant des indications Nord-Sud et Est-Ouest

 

Pour les latitudes

Pour les latitudes : divisions la Terre en "millièmes". Le pôle Nord étant à 0 "millième" et le pôle Sud à 1000 "millièmes". Toute position intermédiaire serait facilement visualisable. L'équateur serait à 500 millièmes et notre latitude 45 degrés Nord (à Bordeaux ou à Valence par exemple) serait à 250 "millièmes" sans qu'il soit nécessaire de préciser Nord et donc avec une donnée de moins et sans confusion possible.

Pour les longitudes

On pourrait faire de même avec les longitudes. Le méridien de Greenwich resterait la référence, nous partirions de 0 "millième" sur ce méridien à 1000 "millième" en allant vers l'Est jusqu'au retour au méridien origine. Là aussi, nul besoin de préciser Est ou Ouest.

Autre avantage du système : descendre à des niveaux plus précis demanderait simplement de rajouter des chiffres (en nombre souhaité) sans changer de méthode et sans nécessité d'alterner des bases décimales et sexagésimales. L'on pourrait ainsi très bien imaginer positionner précisément un point à 200,456 "millièmes" de latitude et 450,563 "millièmes" de longitude.

Compte tenu de la taille de la Terre, un "millième" en latitude représenterait environ 20 kilomètres et un millième de "millième" environ 20 mètres. Seule contrainte, partagée entre tous les systèmes, les "millièmes" de latitude seraient tous de même longueur (**) tandis que la longueur des "millièmes" de longitude (40 km à l'équateur car il faut là mesurer un tour complet de la Terre) dépendrait de la latitude de l'endroit, comme pour les degrés d'aujourd'hui.

Petit inconvénient, en français le terme millième se trouverait commun à la fraction et à l'unité retenue. Une forme proche du problème existe déjà  avec les milles marins (dans l'expression "mille milles", le premier "mille" fait référence à un nombre et le second à une unité. La question ne se pose pas en anglais où mile (nautique) s'écrit avec un seul l et où 1000 se dit thousand. L'on pourrait limiter le risque de confusion en écrivant dans ce cas "Millième" avec une majuscule.

Ajoutons qu'un tel système pourrait également s'appliquer aux coordonnées des astres qui souffrent du même défaut. Par contre, il ne résoudrait évidemment en rien l'inévitable déformation cartographique liée à la représentation d'une réalité sphérique ou ellipsoïdale sur une surface plane.

______________________________________________________________________________

(*) Exemple de la position de la ville de Vichy telle  qu'elle est habituellement notés dans deux des principaux systèmes utilisés.

Latitude : 46,11667 degrés Nord (en degrés puis en décimal)

Latitude : 46 degrés, 7 minutes, 0,001 seconde Nord, en dms

Longitude : 3,416667 est (en degrés puis en décimal)

Longitude : 3 degrés, 25 minutes, 0,001 seconde  Est, en dms.

(**) En négligeant ici le léger aplatissement aux pôles.

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14 octobre 2023 6 14 /10 /octobre /2023 10:44

Si Hubert Reeves est essentiellement connu du grand public comme un merveilleux vulgarisateur, il fut aussi  un astrophysicien remarquable. Ses travaux sur la synthèse des éléments légers dans l'univers : l'hélium, le lithium, le béryllium... lors du Big Bang, puis sous l'effet des rayonnements permirent des prédictions que validèrent des observations ultérieures, signe d'une incontestable pertinence. Il fait partie de ceux qui ont construit le modèle cosmologique aujourd'hui dominant qui fit naître notre monde de conditions extraordinaires.

Ses livres : Poussières d'étoiles (titre si bien en rapport avec ses travaux), L'heure de s'enivrer, Chronique du ciel et de la vie... résument à merveille ses passions et ses engagements.

Écologiste convaincu, il présida le ROC (Rassemblement des opposants à la Chasse) montrant ainsi que son combat pour la nature n'était pas le fruit d'une simple réflexion, mais aussi la marque d'une véritable tendresse pour le  vivant et pour tous ceux qui peuvent souffrir. 

Il a su étudier, admirer et faire aimer le monde dans son immensité et toutes ses complications, celui de notre Terre et celui de l’Univers tout entier. Bravo !

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13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 12:44

 

Phénomène assez rare quand il est de cette ampleur, une belle étoile filante a zébré vers 4 h du matin la nuit du 13 février le ciel du Nord de la France et du Sud de l’Angleterre

Attribuée à l’entrée dans l’atmosphère d’un petit astéroïde d’environ un mètre de diamètre répertorié sous le code 2023 CX1, le phénomène a pu être filmé.

Rappelons que les étoiles filantes sont des météores, c’est-à-dire des phénomènes atmosphériques liés au contact entre des corps divers (météorites ou petits astéroïdes et même désormais satellites artificiels ou restes de fusées) et les hautes couches de l’atmosphère vers 60 ou 80 km d’altitude. La compression de l’air devant ces objets arrivant parfois à plusieurs dizaines de kilomètres par seconde entraîne son brutal échauffement. Comme toute matière, l’air évacue alors cette énergie en rayonnant : c’est ce que nous voyons. Contrairement à ce qui est souvent prétendu, ce n’est pas le corps lui-même que nous pouvons observer mais bien l’atmosphère échauffée devant lui.

Un beau spectacle qui nous rappelle celui encore beaucoup plus impressionnant aperçu il y a juste 10 ans,  le 15 février 2013 au-dessus de la ville de Tcheliabinsk quand  un astéroïde d’une quinzaine de mètres (soit d’un volume et donc sans doute d'une masse plus de 3 000 fois supérieurs) avait endommagé une bonne partie des vitres de la ville et même, de ce fait, blessé environ 1 000 personnes.

Arrivant à très haute vitesse dans l’atmosphère, ces objets (sauf les toutes petites poussières ou au contraire les corps très importants) sont le plus souvent détruits à son contact et n'atteignent pas intacts le sol. Ainsi, dans le cas du bolide de Tcheliabinsk, le plus important des morceaux récupérés pesait seulement 500 kg pour une masse de départ de l’astéroïde évaluée à plus de 10 000 tonnes !

A l’échelle de l’histoire humaine, le plus remarquable de ces impacts ayant laissé une trace notable est le  Meteor Crater aux Etats-Unis (1 200 mètres de diamètre pour une météorite dont la taille est estimée à 50 ou 60 m, tombée il y a 50 000) ans. Un autre cratère un peu plus grand et daté de la même époque est également encore visible en Chine (cratère dit du Yilan).

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28 octobre 2022 5 28 /10 /octobre /2022 12:04

La Nasa vient de révéler qu'une météorite s'était écrasée sur Mars le 24 décembre 2021.

La chute, d'abord signalée par les enregistrements du sismographe de la sonde Insigth a ensuite été confirmée par les caméras de Mars Reconnaissance Orbiter (MRO).

On parle d'un objet de plusieurs centaines de tonnes et d'un cratère d'environ 150 mètres de diamètre.

Notons que ce n'est peut être pas aussi exceptionnel que l'on veut bien le laisser entendre. Ainsi, sur Terre au cours des 120 dernières années, au moins deux impacts bien plus importants ont eu lieu. Celui de la Toungounska en juin 1908 et plus récemment, celui lié au "super bolide" tombé en février 2013 à proximité de la ville de Tcheliabinsk.

Cependant, il y existe une différence notable. Si les deux météorites terrestres étaient beaucoup plus lourdes, (on parle de près de 10 000 tonnes pour celle de Tcheliabinsk), le trajet à haute vitesse dans l'atmosphère terrestre les a presque complètement détruites (sans doute totalement pour celle de 1908).  Sur  Mars, au contraire,  du fait de la faible densité atmosphérique, les météorites arrivent plus souvent intactes ou presque jusqu'au sol et peuvent donc laisser des cratères, même pour de petits objets. Sur la Lune, où il n'y a pas d’atmosphère, même les plus petits cailloux laissent une trace.

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18 décembre 2021 6 18 /12 /décembre /2021 10:44

Simplement pour le plaisir des yeux, une image du sommet des nuages de Jupiter prise par la sonde Juno actuellement en orbite autour de la planète.

 

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22 avril 2021 4 22 /04 /avril /2021 12:24

Le petit hélicoptère Ingenuity apporté sur Mars par le robot Perseverance dans le cadre de la mission Mars 2020 vient d'effectuer le premier vol d'un aéronef sur une autre planète.

Voir ici la vidéo de cet envol. Un envol bref mais remarquable, compte tenu de la très faible densité de l'atmosphère martienne.

Remarque postérieure à l'article : au 16 décembre 2021, Ingenuity a déjà  effectué 18 vols en 30 minutes (cumulées). C'est très au-delà de ce qui était initialement envisagé (au moins publiquement).

 

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23 novembre 2019 6 23 /11 /novembre /2019 16:24

Le Club d'Astronomie Lyon Ampère (CALA) propose des cours d'astronomie tout au long de l'année scolaire.

Ces cours ont lieu le  mardi de 20 h 30 à 22 h 30 pendant les périodes scolaires au planétarium de Vaux en Velin (place de la nation, en face de la mairie)

Voici les dates retenues pour cette année (sujets donnés à titre indicatif, sous réserve de l'avancement). Cette année bien entendu la Covid a quelques peu bouleversé les choses.

 

 1     26 octobre 2019               Introduction + Le Soleil

 2       3 décembre 2019           Formation du Système solaire + les planètes

 3    10 décembre 2019            Suite les planètes

 4    17 décembre 2019            Suite les planètes  

 5      7 janvier 2020                 Histoire de l'astronomie (1)

 6    14 janvier 2020                 Histoire de l'astronomie (2)

 7     21 janvier 2020                Les grandes lois de l'univers (1)

 8       4 février 2020                 Les grandes lois de l'univers (2)

 9      18 février 2020                Les grandes lois de l'univers (3)

10     10 mars 2020                   La lumière (1) 

11     17 mars 2020                   La lumière (2)

12     24 mars 2020                   La lumière (3)

13     31 mars 2020                   Les étoiles (1)

14      7  avril 2020                    Les étoiles (2)

15     14 avril 2020                     L'astronautique

16      2 mai 2020                       Le calendrier

17     12 mai 2020                      (A définir)

 

A cause de l'épidémie de Coronavirus ces cours sont pour l'instant suspendus

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23 novembre 2019 6 23 /11 /novembre /2019 16:04

Le 11 novembre dernier, le lancement d’une grappe de 60 satellites dans le cadre du projet Starlink a remis sur le devant de la scène les vues toujours plus démesurées d’Elon Musk et de sa société SpaceX.

Destiné à assurer des connexions pour internet notamment pour les zones pauvres en infrastructures terrestres, Starlink change l’échelle de notre présence dans l’espace. Tandis qu’environ 2 000 satellites actifs tournent aujourd’hui autour de la Terre, avec Starlink, ce sont près de 12 000 satellites en orbite basse (de 300 à 1000 km d’altitude) qui sont prévus.

Une telle ambition suscite interrogations et inquiétudes. L’omniprésence de l’homme et de ses artefacts, qui a déjà causé tant de dégâts à la surface de la planète, va-t-elle s’étendre à l’espace ?

Bien sûr, les choses sont d’un autre ordre de grandeur. La masse satellisée totale : satellites actifs, satellites inactifs, derniers étages de lanceurs et déchets divers compris, est aujourd’hui de l’ordre de 7 à 8 000 tonnes, soit environ 1 gramme par humain ! Elle pourrait être multipliée par 10, 100 ou même par 1 000, cela constituerait toujours une quantité absolument infime par rapport à nos artefacts de surface, d’autant que l’espace, même circumterrestre, qui est en 3 dimensions, offre un volume sans commune mesure avec celui de la coquille de 2 ou 300 mètres d’épaisseur à la surface terrestre où se concentrent la quasi-totalité de nos constructions. Enfin, les problèmes de d’interaction avec le vivant ne se posent évidemment pas dans l’espace (*).

Pourtant, deux questions ne laissent pas d’inquiéter.

- D’une part les astronomes risquent de voir de plus en plus de satellites artificiels (sous forme de trainées sur les clichés) là où ils tentent souvent de déceler et d’étudier des astres à la luminosité infiniment plus faible. Leurs caméras et capteurs divers seront saturés de signaux parasites, et pas seulement dans le domaine visible puisque ces satellites satureront aussi d’autres gammes du spectre électromagnétique pour assurer les communications (c’est justement leur objet).

Quant aux humains, quand ils regarderont le ciel, ils contempleront désormais un univers de plus en plus artificiel. Au lieu d’être des étoiles, les astres seront des artefacts. Impossible d’échapper à la civilisation. Voulons-nous de ce monde-là ?

- D’autre-part, le reste des activités spatiales se trouve menacé par un mécanisme de réaction en chaîne dit syndrome de Kessler. Le nombre de collisions possibles entre satellites (aujourd’hui extrêmement faible, on ne connait que de très rares exemples) augmente de façon exponentielle avec le nombre de satellites et surtout, une collision engendre une vaste quantité de débris (plusieurs milliers) qui constituent eux-mêmes de nouveaux satellites susceptibles à leur tour d’entrer en collision avec d’autres et de générer de nouveaux débris. Nous sommes face au risque d’une spirale infernale, d’une véritable réaction en chaîne.

Nous avions déjà dénoncé ici l’irréalisme des projets de conquête de Mars, projets auxquels Elon Musk prend une large part. Nous nous retrouvons face à un problème proche qui est celui de ce sentiment de toute puissance, de volonté de tout conquérir, de tout dominer et d’artificialiser l’ensemble du monde qui nous entoure. Au-delà des questions techniques que peuvent soulever de telles ambitions, c’est la philosophie même de notre action et de notre position dans le monde qui est en cause.  

Beaucoup pensent que la meilleure façon de protéger notre biosphère est de revenir à une activité humaine beaucoup plus modeste sur la Terre. Elon Musk, et bien d’autres, (sur le seul domaine spatial d’autres constellations satellitaires sont en projet : OneWeb, Kuiper… sans oublier les constellations de positionnement déjà existantes type GPS ou Galileo) nous proposent au contraire d’aller vers toujours plus de réalisations, toujours plus d’artificialisation, dans une course (une fuite ?) en avant technologique. L’amour de l’astronomie, le goût de la connaissance et de la compréhension du cosmos ne passent sans doute pas par là.

_____________________________________________________ (*) Ce sujet avait  été abordé sur ce site à l’occasion de la critique du livre de Christophe Bonnal « La pollution spatiale »

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5 décembre 2018 3 05 /12 /décembre /2018 20:24

Alors que s’ouvre la COP 24 à Katowice et que la question du réchauffement climatique s’impose au premier rang de nos inquiétudes en matière d’environnement, il peut être bon d’aller au-delà des inévitables simplifications médiatiques et de mieux comprendre l’extraordinaire richesse de l’évolution climatique de notre planète

C’est ce que nous propose Gilles Ramstein avec ce Voyage à travers les climats de la Terre.

Sans faire un ouvrage technique pour seuls scientifiques Gilles Ramstein nous offre là une étude très dense et ne nous cache rien de la complexité du problème et des multiples interactions astronomiques, géologiques, chimiques et biologiques qui concourent parfois de concert, parfois en opposition, à faire évoluer le climat de notre planète. Il revient notamment sur les trois grands facteurs astronomiques à l’origine des cycles de Milankovitch (précession des équinoxes, variation de l’obliquité et variation de l’excentricité de l’orbite) qui sont maintenant reconnus comme des éléments moteurs de certaines évolutions climatiques et qui expliquent bien, notamment depuis le quaternaire, l’alternance des épisodes glaciaires et interglaciaires avec une périodicité qui tourne désormais autour de 100 000 ans. Gilles Ramstein nous explique  ensuite comment les autres éléments (érosion, salinité et courants océaniques, taux de gaz à effet de serre, végétation, volcanisme… viennent amplifier, ou au contraire atténuer, les effets induits par ces variations astronomiques). Le moteur principal du climat, le rayonnement solaire, n’est pas oublié même si ses variations sont minimes, pour autant, à terme, c’est lui qui aura le dernier mot, notre étoile étant amenée à voir son rayonnement inéluctablement augmenter jusqu’à, probablement dans un milliard d’années, provoquer  l’évaporation des océans et l’assèchement de notre planète (nous avons un répit, on pensait auparavant que cette catastrophe nous attendait dans 500 millions d’années seulement ! )

Et c’est là l’autre grand mérite du livre, outre les explications, Gilles Ramstein nous dresse une véritable histoire du climat, depuis les débuts, Par exemple à l’Archéen, quand le soleil était pourtant 30 % moins « puissant » qu’aujourd’hui, la composition atmosphérique permettait néanmoins des climats plus chauds. D’ailleurs bien que l’on parle aujourd’hui de réchauffement climatique et bien que nous soyons en ce moment dans une période relativement douce (interglaciaire) par rapport à celles qui nous entourent à moyen terme, le climat terrestre est aujourd’hui plus froid qu’il ne le fut la durant majorité de l’histoire de la planète.

Passionnant rappel aussi des grands épisodes de l’histoire de la Terre, l’évolution des gaz à effets de serre, l’apparition de l’oxygène (en deux étapes) et le rôle de la vie dans ces évolutions (le livre de Gilles Ramstein est en cela à rapprocher des travaux de James Lovelock qui avec l’hypothèse Gaïa évoque aussi les multiples interactions entre la planète et le vivant qui ont permis à la vie de maintenir  sur Terre les conditions de sa propre existence). Passionnant chapitre également sur les fameux épisodes de la Terre « Boule de Glace » où la surface de la planète était presque entièrement gelée, avec à chaque fois des explications complètes sur les raisons de cet englacement et les mécanismes par lesquels nous en sommes sortis (pas facile, car quand la terre est couverte de glace l’albédo très important renvoie fortement  la lumière du soleil ce qui ne fait que favoriser le froid par un mécanisme ainsi auto-entretenu). Gilles Ramstein nous rappelle aussi que malgré toutes ces évolutions le climat de la Terre et la pression atmosphérique, sont toujours restés au cours des 4 derniers milliards d’années dans une fourchette relativement étroite permettant donc à la vie de s’épanouir et de se maintenir. La Lune n’y est pas pour rien et cette stabilité est sans doute l’une des caractéristiques les plus extraordinaires de notre planète.

Un excellent cadeau pour Noël à offrir à tous ceux qui sont avides de culture et souhaitent comprendre les grands enjeux de notre temps car bien sûr, l’actuel débat sur le réchauffement climatique n’est pas oublié. Bref, de quoi être plus savant.

_________________________________________________________________________________

Voyage à travers les climats de la Terre, Gilles Ramstein, préface de Michel Brunet, Editions Odile Jacob, collection Sciences, Paris 2015,  351 p. 24,90 €, ISBN 978-2-7381-2853-9

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24 juin 2018 7 24 /06 /juin /2018 18:04

Depuis quelque temps, la conquête spatiale, au sens de l’exploration humaine ou de l’exploitation économique a le vent en poupe (1). On reparle d’aller chercher des métaux sur les astéroïdes et l’on envisage la construction d’une station spatiale en orbite lunaire (2), sans oublier bien sûr, le rêve ultime pour ce siècle que constituerait l’arrivée d’un homme sur Mars.

Au risque de décevoir quelques fans d’astronomie, quelques admirateurs d’Elon Musk ou, plus largement, tous les partisans d’une technologie triomphante, je fais le pari inverse : nous n’irons pas sur Mars.

Nous n’irons pas sur Mars, parce que c’est trop compliqué, trop cher, trop au-dessus de tout ce que nous avons fait jusqu’à présent et de tout ce que nous savons faire. Nous n’irons pas sur Mars parce que cela supposerait une rupture technologique que rien ne laisse entrevoir.

Aller sur Mars est bien différent d’aller sur la Lune. La distance minimum de Mars à la Terre - un peu plus de 50 millions de kilomètres - représente une centaine de fois celle qui nous sépare de notre satellite, mais les lois de la mécanique céleste nous interdisent d’y aller en ligne droite et nous imposent une trajectoire balistique (une demi orbite solaire ayant pour périhélie l’orbite terrestre et pour aphélie l’orbite martienne) soit un parcours environ 1 000 fois plus long que le trajet Terre-Lune. Autant prétendre que l’on va traverser l’Atlantique à la nage et sans assistance au prétexte que l’on a fait une fois trois kilomètres en longeant la côte.

 

L’illusion du progrès

Nous sommes aveuglés par le progrès technologique, oubliant qu’il s’applique pour l’essentiel à un domaine restreint, celui de l’électronique. Certes, les avancées de l’électronique et de l’informatique ont incontestablement permis un pilotage plus précis des sondes ainsi que la réalisation de caméras et d’autres appareils de mesure plus petits, plus fiables et de meilleure qualité ; nous le constatons à l’occasion de chaque nouvelle mission. Mais un lanceur reste avant tout un appareil mécanique, dont 95 % de la masse est constituée de carburant et la quasi-totalité du reste de tôles, d’éléments de structure et de plomberie. Aucun progrès déterminant n’a été fait en ces matières.

Aujourd’hui, 50 ans après le premier survol de la Lune par des hommes en décembre 1968, c’est toujours la même fusée, Saturne 5, qui détient le record de puissance en terme de charge utile et le record d’efficacité (masse satellisée / masse du lanceur). Une fusée qui n’a d’ailleurs connu aucun échec, ce dont bien peu de lanceurs peuvent se vanter. Saturne 5 comportait deux étages (sur trois) fonctionnant à l’hydrogène, c’est-à-dire quasiment avec le carburant offrant la plus grande vitesse d’éjection possible, gage d’un bon rapport puissance / poids (3). Nous n’avons rien fait de mieux jusqu’à présent. Les systèmes de propulsion électriques parfois évoqués ne sont adaptés qu’à de toutes petites puissances, les cantonnant pour l’essentiel aux manœuvres d’orientation et non à la propulsion. Ne parlons plus de la fourniture d’énergie par des réacteurs nucléaires comme cela avait été envisagé dans le cadre du programme Nerva, cela n’est plus d’actualité, les opinions publiques ne l’accepteraient plus.

Nous ne disposons pas aujourd’hui de fusée suffisamment puissante et suffisamment efficace. Bien sûr, l’assemblage partiel d’un vaisseau en orbite permettrait de contourner quelque peu le problème, mais au prix d’une complexité et d’une multiplication des lancements au coût probablement astronomique.

 

Le coût

Permettre à douze hommes de passer quelques heures sur la Lune a coûté environ 200 milliards d’euros d’aujourd’hui, que coûterait d’aller mille fois plus loin à une expédition forcément beaucoup plus lourde devant emporter plus de monde et des réserves (énergie, eau, aliments, oxygène…)  pour une durée environ 80 fois plus longue ? Les problèmes budgétaires et la dette abyssale de la plupart des pays développés ne plaident pas pour des dépenses inconsidérées en matière spatiale. Nous sommes là sur des ordres de grandeur sans commune mesure avec tout ce qui s’est fait.
 

Les problèmes humains

Côté astronautes, les risques pour leur santé et même leur vie sont immenses et aucun ne peut être aujourd’hui considéré comme maîtrisé. Au choix, problèmes cardiaques (absence de gravité), ostéoporose spatiale (absence de gravité), graves dégradations oculaires (rayonnement cosmique, aplatissement du globe oculaire et vue confinée), pertes musculaires (absence de gravité), difficultés d’équilibre (absence de gravité)… Bien entendu, l’importance des lésions et leur irréversibilité croissent avec le temps passé dans l’espace.

Dans les conditions aujourd’hui envisageables, un voyage sur Mars demanderait environ 18 mois (6 mois pour l'aller, 6 mois pour le retour plus 6 mois sur place pour attendre une configuration adéquate des planètes). Nous ne savons pas maintenir en forme des hommes aussi longtemps dans l’espace (le record pour un vol continu est détenu par Valéri Poliakov qui y est resté 14 mois d’affilée). Chacun a pu voir que les cosmonautes revenant d’un long séjour sont incapables de marcher et donc tout aussi incapables de mener à bien une mission sur le sol d’une planète.

A ces questions de dégradation progressive des capacités physiques s’ajoute le risque d’être tout bonnement tué par le vent solaire en cas d’éruption majeure de notre étoile. Ces éruptions ne sont pas prévisibles et aucun blindage ne saurait sérieusement nous en préserver. Même non mortelles sur l'instant, elles induiraient à terme un risque de cancer non négligeable.

Dernier élément humain mais tout aussi imprévisible : la santé psychologique d’un équipage confiné, éloigné et sans espoir de retour rapide.  Dans la station spatiale, les équipages sont en contact permanent avec le sol où des psychologues les lient à la  Terre, les rassurent et savent désamorcer les conflits (parfois parait-il en détournant vers eux l’agressivité qui pourrait exister entre astronautes). Là aussi, en cas de problème, la conscience de cette contrainte – pas de retour possible - peut justement contribuer à rendre l’adaptation psychologique au confinement et à la promiscuité beaucoup plus délicate. Une maladie ou un accident d’un astronaute nécessitant une opération chirurgicale lourde, pourrait être synonyme de mort certaine, rendant ainsi la vie impossible au reste de l’équipage et la bonne tenue de la mission totalement aléatoire.

 

La pollution de la planète Mars 

Autre problème, depuis les premiers atterrissages américains (les sondes Viking en juillet 1976) chaque engin destiné à se poser sur la planète rouge est scrupuleusement désinfecté de façon à n’apporter aucun germe terrestre et à ne pas polluer un environnement dont certains pensent qu’il pourrait héberger des traces de vie ou au moins de vie fossile. Il va de soi qu’avec l’arrivée d’hommes sur Mars, tous ces efforts faits depuis 40 ans seraient en un instant réduits à néant.

 

Toutes ces difficultés expliquent pourquoi, malgré moult velléités, américaines notamment, aucun projet en la matière n’a dépassé le stade de l’intention floue depuis la fin du programme Apollo. Ces renoncements ne sont pas le fruit du hasard, mais bien de la confrontation au réel.

 

La durabilité de notre société

Avec un peu de pessimisme, mais sans doute aussi de réalisme ajoutons qu’une raison extra-astronomique vient obérer la possibilité d’un voyage martien, c’est que notre monde va mal. Le temps n’est plus à ces grandes envolées optimistes. De plus en plus d’analystes estiment que les conséquences de la surpopulation et de la destruction des équilibres écologiques de la planète risquent très probablement de conduire à un effondrement sociétal (4) au cours du siècle. Dans ce cadre, un voyage martien qui suppose au contraire une continuité de toute l’activité industrielle mais aussi une certaine stabilité sociale est tout bonnement inenvisageable. Trop tôt nous ne serons pas prêts et plus tard nous ne serons sans doute plus en mesure de le faire. Nous n’irons donc pas sur Mars au cours de ce siècle.

_________________________________________________________

(1) Voir La Recherche, numéro 536, juin 2018, p. 83 à l’occasion de la critique du livre de Jacques Arnoud ; Oublier la Terre ? La conquête spatiale 2.0

(2) Voir Science et Vie, numéro 1210, juillet 2018 p. 104 : Station orbitale lunaire : enquête sur un nouveau rêve.

(3) La poussée résulte du produit de la masse des gaz éjectés par la vitesse d’éjection d’où l’importance de ce facteur. On raisonne parfois aussi en termes d’impulsion spécifique.

(4) Voir « Collapse » de Jared Diamond ou « Comment tout peut  s’effondrer » de Pablo Servigne.

Enfin, même une simple simulation du séjour sur Mars rencontre parfois bien des difficultés.

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