Bien que loin de la volonté politique et de l’enthousiasme des années 1960, Constellation, le programme américain de retour sur la Lune se précise peu à peu. Constellation ressemble bigrement à Apollo en à peine plus grand. Les procédures sont presque identiques et les vaisseaux très proches dans leur aspect comme dans leurs dimensions.
Orion (module de commande)
Le module de commande, dans lequel voyageront les astronautes, c’est à dire l’équivalent de la capsule Apollo s’appellera Orion, une maquette très élaborée en a déjà été construite. Il sera légèrement plus vaste qu’Apollo et devrait héberger quatre astronautes au lieu de trois.
Ares 5 (fusée de lancement du module lunaire et de propulsion vers la lune)
La fusée géante qui emmènera l’ensemble vers la Lune, l’équivalent de Saturne 5 se nommera Ares 5 (même le chiffre 5 a été gardé). Ses capacités récemment réévaluées seront légèrement supérieures à celle de sa devantière ; on parle de près de 190 tonnes en orbite basse et de 70 tonnes en orbite de transfert vers la Lune contre respectivement 137 et 47 tonnes pour Saturne 5. La masse des deux lanceurs est comparable, environ 3000 tonnes au décollage. Pour l'essentiel, Ares 5 sera développée à partir d’éléments agrandis du système de propulsion de la navette spatiale (deux propulseurs à poudre, les boosters et un énorme réservoir central alimentant un moteur à hydrogène et oxygène liquide). Ares 5 enfin, pourrait être utilisée pour mettre en orbite des éléments lourds d’une future station spatiale. De la même façon le dernier exemplaire de Saturne 5 avait satellisé la station Skylab dont la masse, 90 tonnes, était largement supérieure à celle des plus gros éléments de l’actuelle ISS (de 20 à 25 tonnes).
Ares 1 (fusée de lancement d’Orion)
Les astronautes décolleront indépendamment dans leur vaisseau Orion propulsé par une fusée Ares 1 aujourd'hui en cours de développement. Un rendez vous spatial en orbite terrestre leur permettra de rejoindre les autres modules avant le véritable départ pour la Lune. En cela, les missions qui nécessiteront deux lanceurs seront un peu plus complexes et sans doute plus coûteuses.
Altaïr (module lunaire)
Tous les membres de l’équipage devraient se poser sur notre satellite (alors que dans Apollo l’un des trois restait en orbite lunaire dans le module de commande). Le module de descente, Altaïr, l’équivalent du célèbre Eagle (1) de la mission Apollo 11 possédera comme Eagle une partie réservée à l’atterrissage qui restera sur la Lune et une partie d’habitation qui ramènera les hommes vers Orion. Pour le retour, le rendez-vous en orbite lunaire entre Orion et la partie habitée d'Altaïr restera une phase spectaculaire et délicate dont l’échec serait dramatique. Il en était de même au cours des missions Apollo, mais il y avait alors quelqu’un aux commandes de chacun des deux éléments.
Ces nouveaux vaisseaux devraient autoriser des séjours un peu plus longs sur notre satellite. On pourra ainsi mener des recherches plus élaborées et collecter plus d’échantillons.
Quel est exactement l’objectif de Constellation ?
Sur ce point les choses sont un peu floues.
S'agit-il simplement de retourner sur la Lune pour mieux la connaître ?
Est-ce pour marquer les esprits ? Pour garder aux Etats Unis une compétence et une avance certaine en aéronautique, la station spatiale ne faisant plus guère illusion ?
Certains imaginent que Constellation pourrait servir à préparer de futures missions habitées sur Mars. Je suis assez pessimiste sur cette éventualité, et ce pour deux raisons.
Un débarquement sur Mars nécessite une rupture technologique. Avec nos moyens actuels, le voyage (3 ans tout compris) est trop long et concrètement irréalisable (voir note 2). Or, de rupture il n’y a pas eu. Nous ne faisons pas mieux en terme de propulsion qu’il y a 40 ans.
La vitesse d’éjection des gaz, élément déterminant de l’efficacité des fusées, reste quasi stationnaire puisqu'on utilise les mêmes ergols. Déjà Saturne 5 possédait deux étages à hydrogène-oxygène, l’un des plus efficaces parmi les couples carburants-comburant. Là aussi, nul n'a trouvé mieux même si les gros boosters quoi que moins performants en terme de vitesse d'éjection permettent par leur débit de s'arracher plus vite du sol et réduisent le temps où il faut lutter d'abord contre la gravité (c'est cela qui permet à Ares 5 malgré une masse comparable à Saturne 5 d'être légèrement plus performante).
Nous ne ferons pas mieux non plus en terme de fiabilité puisque la fusée Saturne 5 à déjà connu eu un taux de réussite de 100 %.
Seule l’électronique a réellement progressé. Cependant, ce n’est pas l’électronique qui assure la propulsion, or là se situe le cœur du problème et permettrait de réduire la durée du voyage.
En deuxième lieu, les années 2050 risquent d’être très critiques pour la planète. La démographie, l'énergie, le climat, l'écologie en général constitueront des problèmes très difficiles. Notre principale source d’énergie, le pétrole, sera presque épuisée et les probables soubresauts qui en résulteront pourraient détourner l’humanité de ce genres d’objectifs.
Autre éléments d'incertitude : Les dates, on parle de 2014 pour le premier vol habité de la capsule Orion et d’avant 2020 pour le premier alunissage mais ces échéances restent à confirmer.
Quant au nombre de missions et aux travaux réellement décidés : La Nasa est discrète sur le sujet sans doute tout n'est-il pas encore défini.
1 Ce choix des noms est un clin d’œil, Altaïr est l’étoile la plus brillante de la constellation de l’Aigle (Eagle en américain).
2 Je dois admettre sur ce point un désaccord avec la plus grande part de ce qu’on peut lire sur le sujet. Souvent seule la volonté politique est mise en cause, beaucoup de commentateurs pensent que nous avons d'ores et déja les moyens techniques d'aller sur Mars. Je ne partage absolument pas ce point de vue. Mars, à mon sens, nous est encore techniquement inaccessible, aucun progrès majeur, en particulier en matière de propulsion, n'ayant été réalisé depuis les missions Apollo.
Nb :Toutes les photos proviennent de la Nasa (National Aeronautic and Space Administration) Le schéma des fusées a été repris sur Wikipédia.