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Astéroïdes et probabilités

L'astéroïde Ida et son satellite Dactyle : source de l'image : NASA

Depuis quelques semaines se multiplient les articles laissant entendre qu’un astéroïde découvert au Chili fin 2024 et aujourd’hui dénommé 2024 YR4 pourrait heurter la Terre le 22 décembre 2032.

L'affaire a commencé à intéresser les médias car dans un premier temps la probabilité de l'événement n'a cessé d'être réévaluée. Elle était estimée à environ 1% fin décembre 2024, à 1,2% fin janvier 2025, à 2,3 % au 12 février et  à 3,1% au 18 février. Depuis elle a sensiblement baissé : 1,5 % au 20 février et 0,3 % au 21 février C'est là une évolution assez courante au fur et à mesure que se multiplient et s'affinent les observations.

Mesurant de 40 à 90 mètres, l’astéroïde pourrait, en cas de chute, provoquer localement des dégâts importants. La dernière référence en la matière, l’astéroïde qui a frappé la région Tcheliabinsk en 2013 avait un diamètre estimé à un peu plus de 15 m, mais seuls de très petits morceaux sont arrivés au sol (*).

Bien entendu d’autres facteurs entrent en compte pour estimer les dégâts potentiels.

- Sa vitesse : l’énergie croit avec le carré de celle-ci, mais une vitesse plus importante favorise aussi la désintégration du bolide en haute atmosphère.

- Sa composition qui influe sur sa densité et donc sur sa masse mais aussi sa friabilité. Un astéroïde de fer sera beaucoup plus « solide et résistant » qu’un astéroïde agglomérant des grains peu soudés entre eux.

- Son angle d’attaque. Qu’il frappe verticalement ou de façon presque rasante modifiera les conditions et les suites de l’impact.

- Et bien entendu, son lieu de chute, sur une ville ou au milieu du Pacifique ne donnera pas lieu aux mêmes conséquences. La géologie des sols touchés aura aussi son influence.

Mais surtout il faut dénoncer ce mésusage des probabilités, il n’y a en réalité aucun sens à dire que l’astéroïde heurtera la Terre avec telle ou telle probabilité.

Les probabilités sont réservées aux mathématiques pures (aux lancés de dés théoriques, pour prendre une image). Dans le cas qui nous intéresse, l’astéroïde heurtera ou non la Terre et ce que nous appelons probabilité est en réalité une expression de notre méconnaissance de toutes les données.

Nous ignorons la position actuelle très exacte de l’astéroïde ainsi que sa trajectoire très précise. Trajectoire qui sera influencée par les interactions éventuelles avec d’autres tout petits corps à proximité, interactions que nous ne saurions entièrement évaluer. L’intensité des vents solaires d’ici là pourrait aussi avoir son rôle. Un nouveau passage de l'astéroïde à proximité de la Terre devrait permettre d'affiner ses caractéristiques orbitales

Sauf en mathématiques (et en mécanique quantique), ce que nous appelons hasard est toujours la constatation de notre connaissance imparfaite des données initiales et des facteurs en jeu. Nous sommes exactement dans ce cas.

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(*) On a  certes récupéré au fond d’un lac un bloc de 570 kilos (pour une masse initiale estimée à un peu plus de 10 000 tonnes), mais les autres morceaux étaient plutôt de la taille de petits cailloux.

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P
Bonjour.<br /> Je pense que la référence devrait plutôt être l’objet de toungouska dont les dimensions sont plus proches (et probablement du même ordre de grandeur pour la masse…)<br /> Bien à vous.
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D
Oui, j'ai hésité entre l’événement de la Toungouska et celui de Tcheliabinsk, Le problème avec la Toungouska est qu'on a rien retrouvé de l'astéroïde (des traces de sable soumis à haute pression et haute température peut-être, sous forme de micro billes vitrifiées ?) Mais aucune donnée bien précises sur sa composition, il se dit même (même si cela parait improbable) qu'il aurait juste frôlé l'atmosphère et que les dégâts occasionnés au sol (arbres couchés, incendies) étaient simplement liés au souffle. Mais vous avez raison, bien que l'on en connaisse pas la masse exacte, cet astéroïde là était plus proche de celui qui nous préoccupe aujourd'hui, plus grand en tout cas que celui de Tcheliabinsk (sinon il n'aurait pas rasé 2000 km carrés de forêt. <br /> Cela dit dans cet article mon intention était surtout d'attirer l'attention sur ce qui est selon moi un mauvais usage du concept de probabilité. Ce que je dis sur les dégâts potentiels reste bien sûr très conventionnel.