Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un site sur l'astronomie.

Tsiolkovski ou la citation mal venue

 

Au cours de ses lectures, tout amateur d’astronomie ou simple curieux des sciences rencontre inéluctablement la citation, supposée prophétique, de Constantin Tsiolkovski :

« La Terre est le berceau de l’humanité mais on ne passe pas toute sa vie dans son berceau ».

Pratique pour briller en société, cette déclaration qui semble ouvrir les portes de l’univers à l’humanité est en réalité doublement mal venue.

- Sur le plan strictement astronomique elle laisse entendre que les humains iront coloniser d’autres mondes, que tel est leur avenir, voire que telle doit être, dès aujourd’hui, leur ambition. C’est faire bien peu de cas des réalités de l’univers ou de la seule galaxie : distances sidérales  au sens propre, conditions incompatibles avec la vie…

Nous avions sur ce site expliqué pourquoi nous n’irons pas sur Mars, en tout cas, certainement pas pour la coloniser et même, à moyen terme, - le siècle - pour simplement la visiter. Le raisonnement est encore plus vrai pour toutes les autres planètes du système solaire qui sont bien plus inhospitalières (gazeuses sans surface, glacées ou brûlantes sans atmosphère ou avec une atmosphère totalement irrespirable). Quant aux exoplanètes, celles qui tournent autour d’autres étoiles que le Soleil, c’est l’inconnu. Rappelons que l’éloignement des plus proches d’entre elles (disons à moins de 10 ou 20 années lumières) est de l’ordre du million de fois supérieur à celui de Mars !

- Sur un plan plus général, cette injonction incite à reproduire précisément ce qui conduit aujourd’hui l’humanité à son propre échec de cohabitation avec le reste du vivant sur la Terre : à savoir la volonté de toute puissance : l’hubris à son paroxysme. Elle consiste à faire ce pari curieux que la science et le pouvoir (très provisoire) qu’elle nous donne sur le monde, et qui ont jusqu’alors été parfaitement corrélés à la destruction de la biosphère, vont brutalement se faire protecteurs. Sacré pari sur un retournement de corrélation !

Depuis 3,5 milliards d’années la planète, « Gaïa », comme disait James Lovelock, nous a soumis à une sélection naturelle nous ayant permis d’être parfaitement adaptés aux conditions qui règnent à sa surface (température, pression, humidité, gravité, compositions chimiques de l’atmosphère, coexistence avec le reste du vivant…). Elle a par ailleurs maintenu tous ces paramètres globalement stables et compatibles avec la vie pendant tout ce temps (en maintenant notamment la présence d’eau liquide). Nous savons aujourd’hui qu’il s’agit là d’un hasard merveilleux et forcément excessivement rare dans un univers où règne des conditions difficiles mais aussi le chaos, c’est-à-dire des changements brutaux et fréquents (à l’échelle des étoiles) de ces mêmes conditions. La stabilité climatique terrestre est un miracle (la présence de la Lune qui stabilise notre axe de rotation et celle de la vie qui interagit avec son environnement, participant ainsi de son propre maintien, constituent une merveille que nous serions bien prétentieux de vouloir imiter.

« Un homme ça s’empêche » disait Albert Camus, peut-être devrions nous étendre cette maxime à l’humanité, sans attendre la confrontation aux faits, il y aurait là une part d’humilité et de sagesse. Nous resterons sur la Terre qui est si belle.

Que ces propos ne constituent qu’une mise en cause de sa citation et non de la personne de Constantin Tsiolkovski, savant par ailleurs remarquable, aux talents multiples. La fameuse équation de Tsiolkovski (*) reste fondamentale en astronautique pour mesurer l’efficacité de nos fusées.

___________________________________________________________

(*) Pour plus de détails l'équation de Tsiolkovski est également expliquée dans cette vidéo, et se présente sous la forme suivante :

Variation de vitesse (de la fusée) = vitesse d'éjection des ergols (par rapport à la fusée)  x logarithme naturel du ratio (masse initiale / masse finale) de la fusée (ces masses comprenant le corps de la fusée plus les ergols présents au début et à la fin de leur éjection). On comprend donc que la vitesse d'éjection est déterminante, C'est la raison pour laquelle, malgré la difficulté de son usage, le couple d'ergols oxygène et hydrogène, dont la combustion est très énergétique, est parfois employé. Cette équation permet de souligner les limites intrinsèques à la propulsion à partir de réactions chimiques, pour lesquelles les vitesses d'éjection ne dépassent guère 4 000 ms-1.

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article